Comprendre le triangle dramatique de Karpman pour mieux manager

Qu'est-ce que le triangle de dramatique ?

On parle de triangle dramatique ou de Karpman du nom de son concepteur Stephen B. KARPMAN, psychologue américain des années 70, qui a mis en évidence un modèle de détection et d’analyse des jeux psychologiques existant dans toutes les relations humaines.

Les jeux psychologiques sont une terminologie issue de l’analyse transactionnelle, approche comportementaliste élaborée par le psychiatre américain Eric BERNE dans les années 50. Ces jeux doivent être compris comme des messages implicites, le plus souvent inconscients, omniprésents dans les échanges en entreprise comme dans la vie privée. Ils sont générateurs d’incompréhensions, de souffrance et de conflits.

KARPMAN a favorisé la visualisation et la compréhension plus aisée de ce qui se joue sans fin dans les rapports humains à partir du rôle naturel que chacun tient quand il entre en communication. Selon la pointe de préférence que la personne choisit, inconsciemment, l’invitation à l’échange n’aura pas la même tonalité. Ces 3 rôles sont celui de persécuteur, de victime ou de sauveur/sauveteur.

Quel est l’intérêt de connaître ce triangle dramatique pour tout manager ?

1. La prise de conscience de l’implicite dans les relations humaines. Il y a, en effet, le message formulé et explicite puis son décodage implicite, ce qu’il peut sous-entendre en seconde lecture. Un simple « comment vas-tu ? » possède son message explicite « est-ce que ça va ? » et son corollaire implicite « entre en communication avec moi en me donnant de tes nouvelles ». Selon le contexte dans lequel cette phrase est prononcée, son implicite peut être plus profond et signifier aussi « tu devrais aller mal après ce qu’on vient de te dire » ou « je te trouve pas bien ces temps-ci » etc.
2. La prise de conscience du jeu qui va s’ensuivre selon la posture adoptée dans le triangle. L’interaction peut mener irrémédiablement vers des situations incomprises, compliquées, souvent conflictuelles et émotionnellement chargées. La manipulation potentielle commence lorsque les rôles tournent et que chaque protagoniste change de posture au fil de l’échange en quittant une pointe pour une autre, persécuteur, victime puis sauveur. C’est ce que KARPMAN appelle le drame.

Y-a-t-il des limites à cette lecture de la relation ?

Ce drame n’apparaît pas à chaque fois qu’un échange est amorcé. Ce serait simplifier les choses et surtout jeter l’opprobre sur les interactions en imaginant que toutes sont conflictuelles et qu’elles revêtent un implicite à dénicher systématiquement. Le risque serait alors de tomber dans une interprétation permanente de l’autre et de ses propos. En revanche, quand un conflit existe, il peut être compris et désamorcé à partir du triangle de KARPMAN.

Le jeu psychologique est un fait, l’individu étant traversé de pensées et d’émotions constantes. Toutefois, son comportement n’est pas toujours manipulateur lorsque la recherche de la concorde et des qualités telles que la bienveillance et l’écoute sont au centre de la discussion. Le « est-ce que ça va » est un exemple. L’implicite peut tout simplement être « je peux t’aider ».

Comment identifier le triangle dramatique et surtout comment en sortir ?

La compréhension du rôle joué par chaque protagoniste du triangle est primordiale.

▷ LE PERSECUTEUR 

C’est celui qui rabaisse l’autre et le considère comme inférieur à lui.

• Il se prétend l’expert, celui qui sait du fait de son expérience et de ses connaissances ou simplement de son statut.
• Il juge et ne relève que le négatif et l’erreur chez l’autre.
• Il rappelle le cadre et prescrit les règles, parfois excessives, le plus souvent inadaptées à la situation présente et toujours en sa faveur.

▷ LE SAUVEUR ou SAUVETEUR 

C’est celui qui aide sans qu’on le lui demande, qui fait plus de la moitié du travail pour contenter l’autre. 

• Il vient au secours sans avoir parfois la compétence, les moyens et l’envie et peut se mettre en danger.
• Il s’épuise à penser aux besoins des autres tout en oubliant de nourrir les siens. 

▷ LA VICTIME

C’est celle qui se sent inférieure aux autres et jamais à la hauteur a priori de toute situation qui se présente à elle. Toutefois, elle se complaît à rejeter ses responsabilités sur les autres car, elle, est irréprochable et a fait tout ce qu’elle peut.

Elle ne se sent pas responsable et estime avoir besoin de l’autre pour tout ce qu’elle entreprend, souvent par facilité, ce qui lui permet de critiquer beaucoup.

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La prise de conscience de ces positions permet de ne pas entrer dans le manège et d’éviter d’endosser tous les rôles au gré du comportement, conscient ou inconscient, de l’autre. C’est une façon de se protéger et de s’autoriser, dans la relation professionnelle, à refuser le jeu en cours, à dire STOP en respect de soi.

Une des clefs pour agir sur le triangle est de comprendre ce qui se joue en coulisses pour chaque protagoniste. Chacun a, en réalité, un besoin caché insatisfait (et une peur sous-jacente) qu’il devient urgent d’identifier pour arrêter les débats inutiles.

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Auteur - Alessandra DE SALVATORE

Coach certifiée, formatrice et facilitatrice en intelligence collective, Alessandra accompagne aujourd'hui, après un parcours de 20 ans dans le management opérationnel et stratégique dans des structures publiques importantes,  le développement des potentiels personnels et professionnels des managers en entreprise selon un processus de décadrage en 3 phases : prise de hauteur sur ses modes de pensée et de fonctionnement (observation par le dézoom), prise de conscience de ses leviers motivationnels (infusion par le zoom) et prise de décision sur ses marges d'action (action par le cadrage). 

Les émotions sont au coeur de son accompagnement pour une recherche de cohérence tête-coeur-corps. 

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