Qu'est-ce que le syndrome FoMO ?
Acronyme anglais de l'expression "Fear Of Missing Out", cette expression désigne toute personne éprouvant une grande anxiété à l'idée de manquer quelque chose d'important - un événement, une information, un projet, etc. - qui se passerait quelque part.
Proche de l'addiction, ce syndrome s'est rapidement développé avec l'émergence des réseaux sociaux. Notamment au travers de la possibilité pour chacun de suivre aisément - parfois en direct - la vie quotidienne de nombreuses personnalités, entreprises, individus, voire animaux... et ne rien vouloir en rater.
En entreprise, cet acronyme désigne un collaborateur qui a peur de passer à côté d'une information cruciale, un projet exaltant, une opportunité en or qui pourrait l'aider dans sa carrière, augmenter son carnet de contacts, etc. Et qui, pour cela, multiplie les participations aux réunions, colloques, conférences, s'immisce dans des projets qui, à la base, ne le concernent pas, etc. En somme : il s'éparpille de peur de rater quelque chose.
Les conséquences d'un syndrome FoMO
Les effets d'un tel comportement, s'ils peuvent s'avérer positifs dans quelques rares circonstances (comme lorsque l'on est à la recherche d'un nouveau poste, ou bien que l'on fait de la veille), sont toutefois majoritairement néfastes et entraînent à plus ou moins long terme :
- Surmenage - burn-out : trop de projets en même temps, trop d'informations à absorber, trop grande pression à ne rien rater.
- Dépression : liée au fait de voir les autres réussir, avancer alors que l'on stagne.
- Productivité en berne : au niveau personnel, mais également au niveau de l'équipe, voire parfois toute l'entreprise.
- Perte de temps et d'énergie : éparpillement sans aller au fond des choses.
- Perte d'argent : penchant à essayer les dernières formations, méthodes, etc. pour rester "in" et dépenser inutilement son argent.
- Erreurs répétées : engagement dans des domaines outrepassant largement ses compétences, voire totalement inconnus où l'incompétence ne peut être de mise.
Comment accompagner un collaborateur qui souffre de FoMO ?
L'infobésité a ses limites. Elle induit une angoisse extrême chez le collaborateur touché par le syndrome FoMO, notamment lorsqu'il doit s'éloigner de ses sources d'information continue. Cette anxiété génère alors un manque et conduit à un désinvestissement dans les tâches quotidiennes.
Le FoMO, trop occupé à recueillir 1001 informations, à voir ses pairs mieux réussir que lui, à scruter toutes les innovations possibles et imaginables, n'est plus dans sa mission première, se désespère de ne pas aussi bien réussir que les autres et finit par sombrer.
Le manager doit être capable de repérer ses signes d'un tel syndrome chez l'un de ses collaborateurs et l'accompagner au mieux afin de redonner équilibre et efficacité à son équipe.
Reconnaître les caractéristiques d'un FoMO
- Surchargé - souvent incapable de refuser : il accepte tous les projets, va parfois jusqu'à s’immiscer dans des réunions qui ne le concernent pas directement de peur de passer à côté d'un événement crucial, rencontrer telle ou telle personne qui pourrait être utile à son avancement, etc.
- Au fait de toutes les dernières méthodes en vogue, les nouvelles tendances, n'en connaissant par ailleurs parfois pas plus que le nom, mais convaincu de leur bienfondé.
- Sous stress permanent : en veille permanente quant à d'éventuels nouveaux éléments à glaner, son attention s'éparpille, ses sens sont sans arrêt aux aguets. Sa surcharge de travail - découlant de ce syndrome - le plonge dans une course folle. Il est constamment submergé d'informations et finit par se retrouver surmené.
- Addict des notifications : son smartphone toujours à portée de main, il n'est pas dans le moment présent, a l'esprit et l'attention absorbés par les informations qu'il pourrait rater s'il ne consulte pas ses multiples mails/alertes/notifications. Lorsqu'il assiste à une réunion, il est présent sans l'être pleinement, sans arrêt distrait par les nombreuses notifications de son smartphone qu'il est incapable de couper. Il répond à tous les mails, coups de téléphone, de peur de rater une occasion d'agrandir sa liste de contacts.
- Addict des réseaux sociaux : il a des milliers de contacts, quels qu'ils soient. Il accepte toutes les demandes. On ne sait jamais... Cela pourrait lui apporter un avancement, une opportunité de nouveau job... D'ailleurs, il consulte ses fils d'informations en permanence, de peur de rater quelque chose. Il a un besoin immense de faire partie de celles et ceux qui font bouger le monde.
- Zappeur : il gère 1000 projets à la fois, passe de l'un à l'autre sans vraiment aller au bout des choses.
- Productivité en berne : avec ce besoin de se ternir informé en permanence se traduit par une occupation constante à suivre les trop nombreuses actualités de ses trop nombreux cercles professionnels - ou non. Le FoMO a du mal à s'atteler aux tâches et missions qui lui ont été confiées et peine à concentrer son attention . Il survole ses dossiers, bâcle son travail, répond au téléphone au beau milieu d'une réunion...
Analyser les causes d'un tel comportement
Si les réseaux sociaux ont une très large part de responsabilité dans ce genre de comportements addictifs, ils ne font finalement que révéler des carences plus profondes chez les individus touchés, notamment :
- fort besoin de reconnaissance,
- grand manque de confiance en soi,
- certaine lassitude, démotivation quant à sa vie professionnelle.
Agir adéquatement
Quelques pistes pour le manager faisant face à un "FoMO".
- L'amener à reconnaître et accepter ce comportement compulsif : lui faire remarquer qu'il s'éparpille pour finalement se trouver partout et nulle part à la fois. L'inciter à réfléchir sur les raisons de cette addiction, sur ses besoins réels professionnels non comblés induisant cette attitude.
- L'encourager à s'interroger sur ses objectifs personnels et ses compétences : que cherche-t-il à travers cette quête d'information ? Qu’a-t-il peur de rater ? De quoi a-t-il besoin ? Est-il pleinement conscient de ses forces, de ses compétences ? Comment se situe-t-il au sein de l'équipe, de l'entreprise ?
- L'aider à faire des choix pertinents : l'encourager à définir ses priorités , mieux s'organiser dans son travail , gérer son temps efficacement, ne pas se laisser distraire, etc.
- Reconnaître son travail et ses talents à leur juste valeur, valoriser son expertise : mettre en valeur sa place au sein de l'équipe, son rôle et ses responsabilités dans le groupe et dans l'entreprise. Donner davantage de sens à son travail.
- L'impliquer davantage dans les projets : l'aider à se concentrer sur ses objectifs, faire des points régulièrement, donner des feedbacks réguliers, lui déléguer davantage de tâches.
- Le responsabiliser : relever le sens de sa présence et son travail au sein de l'équipe, l'inciter à prendre des décisions, lui déléguer l'encadrement de certains éléments d'un projet, etc.
- L'inciter à déconnecter : notamment décrocher des réseaux sociaux et de leurs fils d'actualités qui ne tarissent jamais, colportent nombre d'infox et contribuent largement à un sentiment de dévalorisation de soi. Bannir les smartphones pendant les réunions, instaurer une obligation à la déconnexion professionnelle soirs, weekends et vacances pour toute l'équipe. Promouvoir le JoMO "Joy Of Missing Out" - "joie de rater quelque chose" ou l'art d'apprécier la déconnexion - dans les limites du raisonnable, bien entendu. Il ne s'agit pas de se vanter de se désintéresser totalement de tout !
Attention : il ne s'agit pas ici de prendre la place d'un psychologue ou autre soignant, mais bien de ramener le FoMO à ce pour quoi il a été embauché : remplir certaines missions, atteindre les objectifs fixés. En d'autres termes : le ramener à faire son job efficacement.
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Ce dossier est référencé dans : Être un bon manager : pratiques et outils - Manager des personnalités difficiles -
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