Qu'est-ce que l’AMDEC ?
AMDEC signifie Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leurs Criticités. C'est l'équivalent français de la méthode d'origine FMEA : Failure Mode, Effects, and Criticality Analysis
Il s’agit d’une méthode d’analyse qualitative et quantitative permettant de mettre en avant les défaillances potentielles d’un produit, procédé ou processus en apportant des actions correctives ou préventives.
Les types d’A.M.D.E.C
Il existe différents types d’AMDEC, dont les trois principaux sont :
- AMDEC Produit : c’est l’analyse des défaillances d’un produit, dues à sa conception, sa fabrication ou son exploitation, pour améliorer sa qualité et sa fiabilité.
- AMDEC Processus : c’est l’analyse des défaillances sur les méthodes de production d’un produit ainsi que les procédures mises en œuvre pour accomplir une tâche.
- AMDEC Moyens de Production : c’est l’analyse des défaillances des machines et équipements intervenants dans la réalisation d’un produit.
Vous pouvez également retrouver des AMDEC de type sécurité, fournisseur, organisationnel, service, etc.
Les définitions liées à l’AMDEC
Pour comprendre cette méthode, il est important de bien connaître les termes qui lui sont associés.
- Le mode de défaillance : c’est la manière dont le système peut s’arrêter de fonctionner, s’écarter des spécifications prévues initialement, fonctionner anormalement, etc. Il s’exprime en terme physique.
Exemple : fuite, court-circuit, déformation, etc.
La recherche de défaillance consiste à se poser les questions suivantes :
- Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?
- Qu’est-ce qui a arrêté de fonctionner ?
- Est que quelque chose s’est dégradé dans le fonctionnement du système ?
- Le fonctionnement est-il intempestif ?
- La cause de la défaillance : c’est l’anomalie pouvant conduire à la défaillance.
- L’effet de la défaillance : ce sont les conséquences subies par l’utilisateur.
- La criticité : c’est un moyen de déterminer l’acceptabilité de la situation par la combinaison de plusieurs facteurs. En fonction de son activité ou du chef de projet, la méthode de cotation peut différer.
La méthode AMDEC en huit étapes
Cette méthode s’inscrit dans une démarche en huit étapes selon le process ci-dessous.
Etape 1 : Construire le groupe de travail
Cette première étape consiste à construire votre groupe de travail. Chaque membre du groupe doit être sensibilisé un minimum au préalable à la méthode AMDEC et doit venir d’horizons différents afin de mettre en commun les compétences de chacun et d’être dans une démarche constructive.
Etape 2 : Définir le périmètre de l’étude
En amont, il est nécessaire de connaitre et de comprendre le produit, procédé ou processus traité pour définir le périmètre de votre étude et pouvoir l’analyser. Vous pouvez obtenir ces informations à l’aide d’une analyse fonctionnelle, dont les questions clés sont les suivantes :
- Quelle est la fonction d’usage ?
- Quelles sont les fonctionnalités attendues ?
- Quelles sont les contraintes ?
- Quelles sont les fonctions techniques ?
Vous pouvez utiliser les différents outils de l’analyse fonctionnelle : présentation du besoin ( voir ce qu'est la bête à cornes ), expression fonctionnelle (pieuvre), hiérarchisation des fonctions, cahier des charges fonctionnel , etc.
Lors de cette phase, les objectifs et les limites de l’étude sont définis.
Cette étape est indispensable pour démarrer une AMDEC. En ayant peu de connaissances de son sujet, vous risquez de vous éloigner de la cible et les résultats peuvent être erronés.
Etape 3 : Identifier les modes de défaillances
Une fois ce périmètre établi, vous pouvez identifier les modes de défaillances potentielles en vous posant la question « Qu’est-ce qui pourrait aller mal ? ». A partir de là, vous pouvez commencer à remplir votre grille d’analyse.
Le but de cette étape est de rechercher les défaillances premières et non les causes racines.
Etape 4 : Identifier les effets et les causes
Pour chaque mode de défaillance, identifiez les effets associés par la question « Quels sont les effets et les causes entrainés par ce mode de défaillance ? » Ne vous limitez pas, vous pouvez avoir une ou plusieurs causes et effets par mode de défaillance.
Etape 5 : Evaluer les défaillances
Cette étape quantitative permet d’attribuer à chaque défaillance potentielle un indice de criticité. La criticité est la résultante de la combinaison de trois facteurs :
- la gravité de la défaillance et de l’effet (G) : conséquence plus ou moins grave pour l’utilisateur ;
- la fréquence d’apparition de la défaillance, l’occurrence (O) ;
- la probabilité de non-détection (D) : la défaillance se produit et il y a risque de ne pas la détecter.
Vous devez définir une échelle pour chaque facteur. Vous retrouverez couramment une échelle allant de 1 à 4 ou de 1 à 10. 1 étant une gravité/occurrence/probabilité faible - 10 étant une gravité/occurrence/probabilité forte.
Pour vous aider à évaluer les défaillances, il est important de bien définir votre échelle et d’y inscrire des critères en face de chaque point.
A titre d’exemple, sur une échelle allant de 1 à 4, vous pouvez définir une fréquence d’apparition sur les critères suivants :
- 1 : Annuelle ou plus
- 2 : Trimestrielle
- 3. Mensuelle
- 4. Hebdomadaire à quotidienne
Plus vous serez précis dans vos critères, plus il sera facile d’appliquer une notation en se rapprochant de la réalité.
Etape 6 : Hiérarchiser les défaillances
Après avoir fait ce calcul, vous pouvez classer les défaillances par ordre de priorité en définissant des seuils d’alerte afin d’organiser le traitement des données par ordre d’importance.
Voici un exemple de différents seuils d’alerte sur la base d’une cotation allant de 1 à 4 :
- 37 - 64 : criticité majeure
- 28 – 36 : criticité importante
- 10 – 27 : criticité mineure
- 1 – 9 : criticité faible
Ce résultat vous permet ainsi de traiter en priorité les défaillances ayant une criticité majeure, puis importante, et ainsi de suite.
Etape 7 : Rechercher des solutions
Après avoir classé les différents modes de défaillance, deux solutions s’offrent à vous :
- supprimer la défaillance
- réduire la défaillance
Dans le deuxième cas, vous pouvez rechercher des solutions par actions correctives et/ou préventives dans le but d’obtenir une criticité plus faible de l’occurrence/la probabilité de non-détection/la gravité. Pour chaque action, un responsable doit être désigné.
Etape 8 : Suivre les actions
L’objectif est de vérifier l’efficacité des solutions qui ont été entreprises et de réévaluer la criticité, afin de s’assurer que celle-ci a bien été réduite. Ce suivi est important, car il permet de déterminer l’efficacité et l’impact des actions qui ont été entreprises.
Les limites de l’AMDEC
La méthode AMDEC peut s’avérer longue et complexe. Elle demande une bonne organisation et implication du groupe de travail et de rester précis dans la démarche et les recherches.
En synthèse
L’AMDEC vise à satisfaire le client par la prévention des défaillances à tous les niveaux de la conception contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité et de la fiabilité du sujet abordé. C’est une méthode utile pour faire une analyse préliminaire des risques d’un produit, améliorer en permanence l'organisation d’une entreprise.
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L'objectif est préventif. Cette méthode d'amélioration continue aboutie à une liste hiérarchisée de points faibles qui caractérise un équipement de production (ou autre).
L'AMDEC ne contente pas de diagnostiquer les systèmes existants, elle est applicable dès leur conception pour anticiper les défaillances probables . L'idée est d'être en mesure d'apporter des ajustements très tôt avant la finalisation du dispositif.
Les applications de la méthode ne se limitent pas aux équipements techniques, les processus et les procédés bénéficient également de ses vertus .
La méthodologie requiert une connaissance du système en question, d'autres outils comme l'analyse fonctionnelle, entrent alors en jeu. Il sera possible d'étudier les effets des modes de défaillance, pour les hiérarchiser dans un second temps.
Cet outil est au centre de nombreuses démarches qualité.
Auteur - Clarisse GUIGON
La satisfaction client a toujours été l’objectif de Clarisse que ce soit pour le client interne ou externe.
Depuis son entrée dans le monde du travail, il y a 10 ans, ses expériences l’ont amenée à gérer de multi-projets dans les industries ou les services.
Diplômé de Master en Management de la Qualité, Sécurité et Environnement, rédiger des articles permet à Clarisse de partager ses connaissances et vous éclairer sur votre travail au quotidien.
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Commentaires
BAZIN 27 juin 2024 à 08:46 (Il y a 6 mois)
J'ajouterai 2 choses :
1 - L'AMDEC est toujours plus facile à réaliser si on analyse le système d'un point de vue fonctionnel. Une défaillance, c'est alors une fonction qui n'est pas assurée, ou qui n'est assurée qu'en partie, etc. Mais réaliser l'analyse fonctionnelle n'est pas chose simple;
2 - L'AMDEC est toujours plus facile à réaliser lorsqu'elle intervient lors de la phase de conception. Faire une AMDEC après que les défaillances sont apparues est beaucoup moins intéressant, dans la mesure où on ne va généralement pas pouvoir remettre en cause beaucoup d'options déjà choisies.
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