Qu'est-ce que la méthode MoSCoW ?
Dai Clegg, consultant chez Oracle UK, a mis au point cet outil pour classer les exigences d'un projet selon leur degré de criticité.
L'idée est d'aller au-delà d'une classification plus ou moins binaire reposant sur l'importance, afin de mieux comprendre pourquoi choisir tel ou tel élément plutôt qu'un autre.
Utilisée par les projets Agile, originellement avec la méthodologie DSDM (Dynamique Systems Developpement Method ), MoSCoW facilite la prise de décision.
MoSCoW est l'acronyme de :
M - Must have this : les indispensables
Il s'agit véritablement des points critiques, pas de question à se poser, ils doivent être traités en priorité absolue. Dans le cas contraire, leur absence entraînerait un échec du projet ou compromettrait gravement ses objectifs. Ils sont non négociables et doivent être pris en compte dès les premières phases du développement.
S - Should have this if at all possible : les nécessaires, mais non urgents
Ces points apportent une vraie valeur ajoutée et/ou leur importance contribue à l'atteinte des objectifs. La différence avec les "Must Have" réside souvent dans le fait que leur traitement peut être différé dans le temps après celui des points prioritaires. Dans ce cas, leur classement est assimilable à la case " Important mais non urgent " de la matrice importance-urgence . Et doivent ainsi être traités dans la mesure du possible.
C - Could have this if it does not affect anything else : les bonus appréciables
Bien de les avoir, peuvent être retirés des priorités si des choix doivent être faits. Généralement, ils font partie des "petits plus" qui contribuent à la satisfaction client pour un coût très modéré. Ce sont des exigences additionnelles de confort qui peuvent être intégrées si le projet dispose de ressources suffisantes, mais leur absence ne remet pas en cause la réussite du projet.
W - Won't have this time but would like in the future : les éléments à exclure pour cette phase
Ou "Won’t Have (for now) - Ils sont écartés de la version actuelle du projet, mais font partie des points qui restent dans les cartons pour un traitement ou une intégration ultérieure. Les raisons peuvent être une question de faisabilité, de budget, etc. Les "Won’t Have" permettent d’éviter la dispersion des efforts tout en maintenant une vision évolutive du projet.
A noter que le "o" de la méthode ne sert qu'à donner un sens à l'acronyme pour faciliter sa mémorisation.
Un nombre conséquent de "Should" et de "Could" procure plus de flexibilité dans le projet. Une majorité de Must présente un risque : tout devient prioritaire, avec des problèmes budgétaires et de charges à venir .
Quand recourir à cet outil ?
La méthode s'applique à des exigences, des tâches, des produits, des fonctions, des caractéristiques, des tests, des critères, des déploiements...
En langage agile, à :
- des "use cases" : scénarios d'utilisation définissant les interactions entre un utilisateur et un système ;
- des "user Stories" : descriptions courtes et précises des besoins utilisateurs, rédigées du point de vue de l'utilisateur final.
En catégorisant ces éléments selon les niveaux Must Have, Should Have, Could Have et Won’t Have, la méthode MoSCoW facilite l’arbitrage des priorités et l’allocation des ressources, garantissant ainsi un développement progressif et efficace des projets.
Quelles sont les étapes de la méthode MoSCoW ?
Voici les principales étapes :
Etape 1 - Constituez un groupe de travail
Abordez le sujet sous forme d'atelier avec un groupe représentatif des différentes parties prenantes.
L'objectif du Workshop est de sélectionner une liste de points prioritaires. Pour ce faire, il est indispensable que les décideurs soient présents pour que les choix soient entérinés à la fin des échanges.
L'idéal est d'impliquer également des utilisateurs finaux ou des experts métiers pour garantir une vision complète des besoins.
Etape 2 - Listez les points à qualifier
Dressez un inventaire complet des points sur un tableau blanc ("paperboard"), des post-it collés sur un mur ou une table numérique collaborative. Vous pouvez également utiliser un tableur Excel projeté sur un écran pour une meilleure visibilité.
L’objectif est de recueillir toutes les exigences, fonctionnalités ou tâches à évaluer en impliquant activement les participants. À ce stade, aucune idée ne doit être écartée : l'exhaustivité prime sur la sélection.
Etape 3 - Priorisez les items
Affectez une catégorie Must have, Should have, Could have ou Won't have pour chacun des points de la liste. Utilisez des couleurs (pastilles... ou bien des couleurs de ligne spécifiques pour Excel).
Ce travail se fait en groupe, avec la participation active de tous les membres pour confronter les points de vue.
Cette qualification donne naturellement lieu à des discussions, car des intérêts divergents risquent de s’opposer. C'est un processus normal, qui permet d’aboutir à une classification équilibrée et acceptable par tous.
Etape 4 - Validez la classification
Regroupez les items appartenant à la même catégorie et estimez si la charge est tenable en accord avec les objectifs et les contraintes du projet. Si le volume des Must Have semble trop important, revoyez ces éléments pour vous assurer qu'ils sont réellement indispensables.
Il peut être nécessaire d’ajuster les priorités pour éviter un excès de Must Have, qui risquerait de compromettre la faisabilité du projet. Cette dernière étape est à soigner pour garantir une planification efficace. Mais aussi éviter les dérives en cours de développement.
Les points forts de cette méthode
- Elle fournit un vocabulaire pertinent et opérationnel pour prioriser des items.
- Elle libère des degrés de flexibilité au projet : définition d'un périmètre de tâches à mener construit et réfléchi, en accord avec les objectifs poursuivis en termes de délai, qualité, et coût. Il vaut mieux réduire le périmètre du projet à posteriori et garder la maîtrise du travail réalisé. Dans le cas contraire, le risque est de subir des dérapages au niveau planning, budgétaire, etc.
- Elle permet d'identifier et d'enregistrer les demandes pour des versions ou projets ultérieurs (les won't). Un sujet important pour les clients du projet qui ne veulent pas voir leurs requêtes non validées immédiatement tomber dans les oubliettes.
Les limites de l'approche
Bien que pratique, la méthode MoSCoW présente plusieurs limites :
- Subjectivité : La classification dépend des perceptions des parties prenantes, ce qui peut biaiser les décisions.
- Surcharge des Must Have : Trop d'éléments considérés comme critiques peuvent rendre la priorisation inefficace.
- Dépendances non prises en compte : Certains Should Have peuvent être indispensables au bon fonctionnement des Must Have.
- Évolution des priorités : La méthode donne un instantané, mais ne prévoit pas d’ajustements au fil du projet.
- Manque de prise en compte de la faisabilité : Un Must Have peut être indispensable mais irréalisable dans les contraintes du projet.
Comment réduire ces biais ?
- Définir des critères clairs pour chaque catégorie.
- Vérifier la faisabilité des Must Have.
- Analyser les dépendances entre exigences.
- Réévaluer régulièrement les priorités.
- Compléter MoSCoW avec des outils comme la matrice Impact/Effort ou la roadmap agile.
Bien utilisée, cette méthode reste un outil efficace pour structurer la priorisation et aligner les équipes sur les objectifs clés.
L'importance de la priorisation
Il n'est pas possible de tout traiter dans un projet. Chaque partie prenante possède ses propres exigences et attentes. Pourtant au final, vous n'avez pas d'autre choix que d'établir la liste des points prioritaires.
L'utilisation d'un outil simple à comprendre et facile à utiliser présente l'avantage d'aider à construire un consensus autour de la priorisation des exigences. Un facteur clé pour le succès de chaque projet.
A lire la démarche de projet que nous proposons.
Téléchargez notre fiche pratique en pdf
- Explications simples pour une mise en oeuvre facile
- Illustrée par des exemples
- Fiche pdf agréable et efficace
Ce dossier est référencé dans : Cadrage de projet, réussir cette phase -
Un commentaire peut-être ?
Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire.