Les diverses définitions de la rentabilité d’une entreprise
La rentabilité est un rapport entre ce que l’entreprise génère comme revenus et les coûts engagés pour les obtenir. Ainsi, si les revenus générés sont supérieurs ou égaux aux charges, l’entreprise sera qualifiée de rentable. À l’inverse, la rentabilité ne sera pas atteinte si les revenus générés par son activité sont plus faibles que les charges engagées.
La rentabilité peut être schématisée par le ratio suivant : ce que l’on a obtenu/ ce que l’on a investi (voir infra la rentabilité économique et la rentabilité financière).
Le seuil de rentabilité
Il existe deux indicateurs connexes qui définiront le moment où la rentabilité sera nulle :
Il s’agit en premier lieu du seuil de rentabilité qui donne le montant ou le chiffre d’affaires est égal à celui des charges. Ce niveau est appelé le point mort, c’est-à-dire le résultat à partir duquel l’entreprise sera rentable (voir la définition du point mort).
Point mort = (seuil de rentabilité/Chiffre d’affaires) X 365. Ce ratio définit le moment dans l’année où l’entreprise sera rentable. Il repose toutefois sur l’hypothèse que l’activité annuelle est constante.
Une autre méthode de calcul du seuil de rentabilité lie étroitement le chiffre d’affaires et les charges variables
Chiffre d’affaires — charges variables = marge sur coût variable (MCV).
Ensuite, la MCV doit être suffisante pour couvrir les charges fixes . Lorsque le MVC— Charges fixes = 0, le seuil de rentabilité est atteint.
La mesure de la rentabilité peut être complétée par la mesure de la rentabilité économique et de la rentabilité financière.
La rentabilité économique
La rentabilité économique permet de mesurer la capacité de l’entreprise à créer de la richesse par son activité :
Rentabilité économique = (résultat d’exploitation — impôts sur les bénéfices) / (capitaux propres + dette financière). C’est une donnée qui intéresse particulièrement les gestionnaires.
S’agissant de la rentabilité économique d’une entreprise, elle traduit sa capacité à produire un revenu en employant ses ressources. Pour un investisseur en revanche, la rentabilité mesure le résultat comparé au capital, c’est-à-dire la capacité de l’entreprise de générer un dividende.
Pour améliorer la rentabilité économique d’une entreprise, cette dernière dispose de plusieurs leviers :
- Accroître le résultat d’exploitation (réduire les charges, augmenter la production et les ventes par une meilleure productivité ou par de nouveaux investissements) ;
- Diminuer le BFR (accroître les délais de règlement des fournisseurs, diminuer les délais de règlement des clients et réduire les stocks) ;
- Réduire les immobilisations brutes sans diminuer la production (d’où une utilisation plus efficiente des immobilisations).
La rentabilité financière
La rentabilité financière va évaluer la capacité de l’entreprise à créer de la valeur par rapport à ses capitaux propres :
Rentabilité financière = (résultat d’exploitation — impôts sur les bénéfices — intérêts versés aux dettes financières) / capitaux propres. Cette donnée intéresse tout particulièrement les actionnaires.
Pour obtenir une meilleure rentabilité financière, l’entreprise peut :
- Améliorer son résultat ;
- Réduire ses capitaux propres en souscrivant des emprunts au lieu de procéder à des augmentations de capital (ce qui génère toutefois des risques comme évoqués plus haut).
Autre ratio de rentabilité
Le ROE - Return On Equity. Un ratio qui s'exprime par le résultat net / Capitaux propres.
Il n’est pas toujours évident pour un chef d’entreprise de déterminer les ratios qui sont les plus pertinents pour piloter son entreprise. Pour ce faire, il pourra demander conseil à son expert-comptable.
Intérêts et limites de la notion de rentabilité
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour calculer la rentabilité d’une entreprise :
- S’assurer de sa pérennité. Si la rentabilité est bonne, l’entreprise aura assez de ressources pour maintenir son activité.
- Mettre en place une politique d’investissements permettant de développer sa compétitivité et améliorer la croissance de son entreprise.
Si la rentabilité est négative, cela signifie que les charges sont trop élevées par rapport au chiffre d’affaires. Dans cette hypothèse, il convient d’analyser la structure des coûts et comment il serait possible de les réduire, notamment les charges fixes.
Par ailleurs, les ratios de la rentabilité sont simples à comprendre et à calculer. Ils sont très efficaces pour apprécier le niveau de rentabilité d’une entreprise et offrent une bonne base de comparabilité. Il faut toutefois être prudent. La rentabilité doit s’apprécier sur le long terme, non à la faveur d’une conjoncture favorable temporaire.
De plus, en raison de l’effet de levier de la dette, il est possible d’obtenir une rentabilité financière élevée pour une rentabilité économique faible. Cette situation doit susciter la méfiance, car elle signifie que la rentabilité financière est préférentiellement due à la dette, non à la rentabilité de son activité.
De même, la rentabilité d’une entreprise doit s’apprécier par rapport à celle de son secteur d’activité. En outre, la rentabilité économique ne prend pas en compte la notion de risque et n’est donc pas suffisante pour prendre des décisions financières.
Exemple
En application de la définition de la rentabilité de l’entreprise, cette dernière dépend largement du résultat d’exploitation.
L’objectif de l’entreprise peut être dans un premier temps de se faire connaître avant de dégager de la rentabilité. Le résultat d’exploitation pourra donc, au démarrage de l’activité, être négatif ou proche de zéro. Encore faudra-t-il définir le moment où l’activité sera rentable. D’où la nécessité d’élaborer un business plan cohérent mettant en évidence la future rentabilité pour susciter la confiance des futurs investisseurs.
Exemple : comment obtenir le seuil de rentabilité ?
Prix de vente unitaire = 50
Coût de revient unitaire = 20
Charges fixes = 40 000
Marge sur coût variable = (50-20)/50 = 0,60
Seuil de rentabilité = 40 000/0,6 = 66 667 €
Le chiffre d’affaires minimum de l’entreprise pour atteindre son seuil de rentabilité sera de 66 667 €.
Auteur - Mickaël Le Bour
Diplômé de l'institut d'études politiques de Bordeaux, Mickaël a rejoint le ministère des finances en 1995. Après une solide formation en comptabilité générale, il a réalisé des audits comptables et financiers sur des structures publiques et privées. Il a également travaillé sur la réglementation comptable et financière des collectivités locales et sur le projet de certification des comptes des entités publiques locales. Il a aussi participé aux travaux de transposition des normes comptables du secteur privé dans la sphère publique locale.
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Commentaires
Laurent 19 janv. 2023 à 09:23 (Il y a 22 mois)
Merci Pierre pour votre remarque. En effet, on ne peut pas parler de rentabilité commerciale dans ce cas. Surtout en reprenant la définition que nous proposons, une rentabilité est : ce que l’on a obtenu/ ce que l’on a investi. Il est vrai que l'on entend souvent employer l'expression de rentabilité commerciale pour ce type de ratio, ce qui n'est pas exact. Ce point dans l'article a échappé à notre vigilance.
Pierre Pou 18 déc. 2022 à 12:21 (Il y a 23 mois)
Attention il y a une erreur au début : "rentabilité commerciale". Dans ce cas on ne parle pas de rentabilité mais de profitabilité. La rentabilité est TOUJOURS un résultats (eg, résultat net, résultat d'exploitation) divisé par les capitaux investis (cf. définition du Vernimmen)
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