Définition de la méthode ABC
La méthode ABC (ou Activity Based Costing ) est une des variantes de la détermination des coûts complets. En effet, elle permet de calculer le coût de revient d’un bien ou d’un service en tenant compte de tous ses coûts, directs et indirects. Elle en diffère toutefois en centrant son analyse sur les coûts par activité, non par produit. Selon la méthode ABC, les produits consomment des activités et ces dernières consomment des ressources (humaines, matérielles…).
La méthode ABC va souvent de pair avec la méthode ABM ( Activity Based Management ) qui permet aux managers de prendre des décisions afin d’améliorer la performance et la rentabilité de l’entreprise. Une démarche en 2 volets : l' ABC pour la partie comptable et l' ABM pour le management et l'organisation de l'entreprise .
Utilité de l' Activity Based Costing
Avec la méthode ABC, l’entreprise identifie les activités intervenant dans sa chaîne de valeur. Dans la mesure où les activités consomment des ressources, il convient de déterminer les inducteurs de coûts qui permettent de les répartir. Les principales définitions liées à cette méthode sont les suivantes :
- Une activité est un ensemble de tâches ou d’actions dont l’objectif est de réaliser un ajout de valeur à l’objet comme le conditionnement, l’activité de production, la vente, etc.
- Une tâche est l’élément de base qui constitue une activité comme réceptionner une livraison, stocker des marchandises reçues…
- Un inducteur de coût ou d’activité détermine la façon dont les objets consomment les activités comme le nombre de réglages, le nombre de manipulations, le nombre d’heures de travail de production…
Intérêts de la méthode
La méthode ABC répond aux critiques traditionnellement formulées à l’encontre de la méthode classique du calcul des coûts complets :
- La prise en compte de l’élargissement des gammes de produits et de services . En effet, la méthode traditionnelle est pertinente dans un contexte de production de biens standardisés de masse. Or, pour faire face à l’exigence de produits différenciés par les consommateurs, les modes de production ont évolué vers une plus grande flexibilité.
- L’accroissement des charges indirectes par rapport aux charges directes. Cette évolution est le corollaire de la montée en puissance de nouvelles fonctions : recherche et développement, maintenance, marketing, etc. Or, la répartition de ces charges dans la méthode des coûts complets est difficile et se fonde sur des critères largement arbitraires (le nombre de mètres carrés, le temps pour fabriquer un bien, le chiffre d’affaires par clients…).
- Le biais des « subventionnements croisés ». Dans la méthode traditionnelle, les produits fabriqués en masse absorbent plus de coûts que les produits fabriqués en plus petites séries. Cela ne reflète pas la réalité économique.
Par conséquent, la méthode ABC requiert :
- Un découpage précis de l’organisation de l’entreprise en processus, activités et tâches ;
- Une comptabilité rigoureuse de la gestion par activité.
Une telle représentation de l’entreprise permet une grande lisibilité et donne ainsi à son équipe dirigeante des outils pertinents pour maîtriser et gérer les coûts.
Ses inconvénients
Il convient toutefois de noter que cette méthode présente des inconvénients :
- Le découpage de l’activité en processus, activités et tâches n’est pas chose aisée et représente un investissement , notamment en temps. Beaucoup d’entreprises qui utilisent cette méthode ont ainsi recours à des prestataires extérieurs pour conduire ces opérations.
- Il est difficile de mettre en place la méthode ABC dans les entreprises où le périmètre d’activités est fluctuant ou dont la structure évolue (acquisitions, restructurations…).
- Une comptabilité de gestion par activité doit être mise en place, ce qui signifie en particulier une adaptation de l’outil informatique . De plus, le calcul des coûts suppose le traitement, le stockage et le reporting des informations permettant de ce calcul.
La méthode ABC : applications et mise en œuvre
Au regard des inconvénients cités précédemment, il semble pertinent de réserver la méthodologie ABC aux entreprises caractérisées par :
- Une part prépondérante de coûts indirects ;
- Un portefeuille de clients et de produits hétérogènes ;
- Des processus de production et de distribution complexes.
La mise en œuvre de la méthode ABC suit plusieurs étapes :
- En s’appuyant sur le contrôle interne, il convient en premier lieu d’identifier les processus de l’entreprise permettant de connaître ses activités. Selon la norme ISO 9001, un processus doit être documenté et recenser notamment les éléments suivants :
- L’objectif du processus ;
- Une description synthétique ;
- Les indicateurs de suivi ;
- Les principaux acteurs impactés par le processus ;
- Les applicatifs informatiques supports.
Chaque processus doit être découpé en autant de sous-processus que nécessaire. Il est également intéressant de créer une cartographie qui représente tous les processus, en particulier pour identifier les interactions entre eux.
Les activités seront classées en plusieurs catégories :
- La production, c’est-à-dire les catégories directement rattachables à la fabrication d’un bien ou à la réalisation d’un service ;
- Le support qui permet le fonctionnement des autres activités (comme les ressources humaines et la logistique) ;
- La structure qui entre dans la détermination des objectifs (direction générale).
- L’étape suivante est la détermination des inducteurs d’activité , c’est-à-dire la structure d’allocation des charges indirectes.
- Ensuite, on répartira les charges indirectes entre les activités, puis on déterminera les inducteurs de coût pour calculer leur coût unitaire.
Ce dernier sera ensuite assigné au coût indirect. L’addition du coût indirect et du coût direct donnera le coût total.
À titre l’illustration, considérons une activité « gestion des contrats » appartenant au processus « achats ». Cette dernière coûte 5000 € et concerne 4 contrats (1 contrat pour le produit A, 4 pour le produit B). L’inducteur de coût pour cette activité est le nombre de contrats, soit un coût unitaire de 1 250 € (5000/4). Le coût indirect de la gestion des contrats sera donc de 1 250 € pour le produit A et de 3 750 € pour le produit B (1 250 x 3).
Processus | Activité | Coût de l’activité | Inducteur de coût | Coût unitaire de l’inducteur | Produit A | Produit B | ||
Répartition | Montant | Répartition | Montant | |||||
Achats | Gestion des contrats | 5 000 € | Nombre de contrats | 1 250 € | 1 | 1 250 € | 3 | 3 750 € |
Auteur - Mickaël Le Bour
Diplômé de l'institut d'études politiques de Bordeaux, Mickaël a rejoint le ministère des finances en 1995. Après une solide formation en comptabilité générale, il a réalisé des audits comptables et financiers sur des structures publiques et privées. Il a également travaillé sur la réglementation comptable et financière des collectivités locales et sur le projet de certification des comptes des entités publiques locales. Il a aussi participé aux travaux de transposition des normes comptables du secteur privé dans la sphère publique locale.
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Commentaires
Jerome 14 sept. 2024 à 06:00 (Il y a 2 mois)
Bonjour Mickaël,
Votre article est intéressant et distingue bien les méthodes de calculs des couts. Je souhaiter ajouter que la méthode ABC est de la loin la plus collaborative – et donc quelque part rassurante pour les managers de part son approche plus inclusive, dans le compromis et donc moins arbitraire – mais demande du temps et de la rigueur dans toutes les fonctions d’une organisation.
Après des missions réalisées, j’ai créé la plateforme Easy Orga pour modéliser les organisations, avec le calcul des coûts complets comme un axe fort d’analyse... Avec elle, plus de tableurs et tout est représenté sur un plan !
Un modèle peut être à 100% de type ABC (ressources, activités, produits), hybrides ou tout autre chose d’ailleurs.
Je vous propose de découvrir cette nouvelle plateforme : contactez-moi si vous souhaitez la tester.
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